accueil
  • performances
  • pièces
  • textes
  • enregistrements
  • traversée de l'horizon
  • biographie
  • contact

pieces de théatre

pièces de théâtre

sommaire

  • la tache
  • craché grave

la tache

de Nicolas Allwright

Résumé

Jonas Jonathan, un homme dans la quarantaine, comptable pendant la semaine et conférencier pendant ses heures de loisir entre en scène devant une salle pleine.

 

La conférence intitulée « les mots peuvent-ils nous rendre sourds ? » commence brillamment. Jonas maîtrise son sujet. Mais, pour la première fois de sa carrière, il a un trou. Incompréhensible pour une conférence donnée plus d’une centaine de fois. 

 

Pour ne pas perdre la face et sortir de l’impasse, il décide, non sans courage, « J’en ai cela tombe bien», d’entrer dans ce trou de mémoire. 

 

Tout en douceur, après une longue expiration très lente, il entre dans son trou de mémoire. « Un trou confortable voire douillet ». 

 

Son arrivée est accueillie par des voix, un peu hostiles certes. Jonas n’y prête pas trop attention. 

« Méfions-nous du sens, restons dans l’observation factuelle ». 

 

Avec la rigueur d’un scientifique, il part à la découverte du fonctionnement de son trou de mémoire. 

Il foisonne de personnages mystérieux. Que fait cette reine avec son bébé ? Jonas tente de s’opposer à l’injustice à laquelle il assiste. 

Mais l’histoire qu’il découvre est déjà écrite, il ne la changera pas.

 

Un travesti apparaît qui, par son indécence, risque de compromettre la conférence. 

Et que fait là cet idiot, la bouche ouverte d’où sortent des paroles incompréhensibles ? 

 

Jonas perd peu à peu son rôle d’observateur et de conférencier. Il est emporté et s’enfonce dans les ténèbres de son monde intérieur.

 

Il entre malgré lui en dialogue avec les personnages. Il voit les comportements pervers et cachés. Il revit la violence de scènes anciennes. 

 

« La chronologie est dérangée ». Sa raison bascule. Il est envahi. « Je te remplis, je te donne les mots qu’il faut, comme l’eau, j’entre par tous tes orifices. » lui dit la reine. 

 

Il n’est plus aux commandes. Sa conférence lui échappe. Elle se fait sans lui.

Alors, il cherche la sortie, une question de survie. Mais où se trouve-t-elle ?

 

« Elle n’existe pas » lui répond l’enfant « cela fait cinquante ans que tu la cherches ». Par hazard dans une chambre fermée depuis presqu’un siècle, il découvre une tache très ancienne.

 

Le dossier de présentation en PDF

Craché Grave

 de Nicolas Allwright

 

Présentation par Maud Bouchet

Craché Grave : un titre saillant comme une pointe de silex qui tient du cri, d’un cri organique et radical, mais ouvert aux modulations jusqu’à devenir un chant.

 

Avec ce texte, coup de théâtre de la parole, où le pouvoir de dire est une épopée du moi, Nicolas Allwright met en scène la naissance du sujet et révèle combien le devenir homme se conjugue au devenir langue, car être c’est devenir l’homme-langue, celui qui donne corps au mythe du verbe originel et l’incarne.

 

Nous sommes ici dans une exploration du territoire intime où la figure du poète, symbole emblématique de celle de l’homme-langue, s’affirme comme matrice théâtrale et ouvre le récit de J’IL, homme comme tous et plus que chacun humain. J’IL, en effet, devient lui-même par le surgissement de la parole qui est dévoilement de la pensée au moment exact où elle advient.

 

Craché Grave met en relief le pouvoir de réalisation qu’a le verbe. La Parole y est un geste magique et performatif, rituel, par elle surgit le monde qui comme au théâtre est dit. Selon ce même processus, le héros prend corps.

 

J’IL, «je/lui», insaisissable dans l’entre-deux où il se débat et soliloque, échappe à l’anéantissement, à la mise à mort de son identité par l’incessant dialogue engagé avec ses instances intérieures. Sur le fil des mots comme du rasoir, il capte l’écoute. Ce n’est pas un homme seul en scène que nous découvrons, mais un qui dans sa solitude est plusieurs, qui écoute et chasse la peur en proie à l’étendue de l’ombre qui le dévore avec son peuple de fantômes, ses voix multiples, son monde et la terrible musique de son cœur.

 

Pris dans l’étau du corps doué de parole, J’IL est l’écorché vif qui vit au présent l’expérience du «cogito ergo sum» et en fait une «aventure intérieure» salvatrice pour pouvoir, à bout de souffle, aborder enfin au rivage de la vie, c'est-à-dire du monde.

 

J’Il, personnage métaphorique est la parole-matière, lui l’homme ouvert, ni «je» ni «il» traversé par le bruissement de la langue, par le flux et le reflux du nom des choses «sur le bout de la langue», il est le lieu où advient le dire comme expérience existentielle, comme lumière sur le chaos de l’indicible/invisible.

 

J’Il, espace imaginaire, est l’imaginaire de l’homme revisitant la mémoire et l’histoire. Héros devant l’inconcevable avenir, il affronte les gouffres d’un passé qui faute d’être enterré l’enterre. Interrogeant la polyphonie de ses voix, J’IL irrigue sa mémoire à des sources lointaines, à des résurgences de langues mortes qui trouent la sienne et sont sa pierre angulaire, le secret qui le hante.

 

 Poète, J’IL est ce lieu d’écho où affleurent les non-dits et les chroniques du monde sens dessus dessous et de l’actualité mis en perspective par le discours médiatique avec son théâtre de l’absurde, ses illusions d’optique et ses jeux de mots au pied de la lettre, son esprit « des lumières » et son «obscurantisme» de masse.

 

«Craché Grave», autopsie du poète qui le réhabilite en héros, est un voyage dans la langue comme vérité de l’être, outil de résilience, foyer de la pensée.

 

Ce sacrifice à «cœur ouvert» rappelle la vocation de simulacre du théâtre qui est d’abord le chant de la parole comme fête du monde, de ses mystères et de ses ivresses ! Nicolas Allwright le sait, qui chante en rhapsode «Craché Grave» comme vérité de l’être, outil de résilience, foyer de la pensée.

 

  • Critique de Aurore Krol : une démence sémantique à écouter de toute urgence
  • Le dossier  de présentation en PDF

 retour haut de page

accueil
  • mentions légales
  • contact

accueil  -  contact 

mentions légales