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Sommaire

 — Théatre et mémoire 

 — Un corps accord avec les mots 

 — Sans sur ?

Théâtre et mémoire ( nomades langues) 

Est-il possible de retrouver la mémoire dans une  société qui  fait tout pour nous rendre amnésiques. Travailler plus pour ignorer plus. Se souvenir n'est-ce pas  commencer d'abord par oublier  ? Oublier ce qui nous accapare quotidiennement, nos projets, nos objectifs, notre poursuite du bonheur. Fuite en avant appuyée  par des croyances arbitraires sur le possible et l’impossible. Faisceaux de stratégies où la mémoire et le hasard n’ont plus leur place et nous isolent du monde. Retrouver ce qui s’est perdu n’est ce pas aussi prendre le temps d’écouter de ce qui secrètement est à l’oeuvre  ?

 

Le passé est tourjours présent à travers nos émotion

Ces angoisses, les  colères, les tristesses qui prennent possession de nous, sont souvent les réminiscences de conflits passés  sans cesse remis en jeu dans notre quotidien. Venus de notre théâtre intérieur, des  personnages intrusifs parlent et agissent à travers nous. Des visiteurs, un père , une mère , un proche prennent ainsi  possession de  notre  être et le perturbent d’autant plus que  nous  restons inconscients  de leur présence 

Comment ne plus dériver et reprendre pied dans ce théâtre d’ombres  ? Parmi eux solitaire, se trouve l'enfant que nous avons été. La peur d'être emporté par ce monde intérieur incontrôlable nous éloigne de lui. Avec les yeux de l'enfant, nous pouvons revisiter les certitudes, les idées reçues et les décisions qui  ont déterminé notre vie. Régénérée par ces découvertes notre parole peut alors libérer les mots de leur charge de mémoire.

 

Reconnaitre ce qui en soit est, et (en) nous à part tient

Quand ce n'est plus l'autre qui nous fait exister, quand on n'abandonne plus cette part de soi à la famille, aux amis, au clan, dans l'intention  d'être accepté, reconnue, part de soi donné en pâture, sujette à   prédation, alors il  est possible de retrouver à la place vacante ce qui nous habite, notre héritage. Les ancêtres retrouvent leur liberté et dansent en nous. Quand l'identité ne se recherche plus dans le rejet de l'héritage, dans l'aspiration à l'originalité et qu’elle accepte ce qui est, un pas est fait vers notre libération. Aller à la rencontre de son héritage s'est reconnaitre ce qui en soi  est,  ne vous appartient pas et (en) nous à part tient. C'est reconnaitre ce qui nous fait bouger, ce moi qui est les autres.

 

Un face à face avec nous-mêmes

Le théâtre nous invite à nous engager sur ces chemins inverses de traverse  où  les repères tanguent. La mémoire est une terre d'accueil peuplée de spectres, fantômes, revenants. Le véritable comédien les accueille. Il est traversé par une multitude d’êtres qui parlent et travaillent son corps ouvert et malléable comme l’argile. Il s’offre aux autres et les invite à entrer en lui. Le public peut dès lors entrer en scène et se découvrir face à face  avec lui même. Le théâtre nous  redonne alors un visage. Il donne le recul nécessaire à la lecture du monde et nous ancre  dans la qualité d'un présent a même de fonder l’avenir ou notre humanité  chaque jour mis à mal, se revivifie.                                          

Un corps accord avec les mots ( a propos de horizons verticaux )

J'entre en scène confiant et léger. Je pose delicatement les mots  sur le silence et prend  pied dans le poème. Il est  mouvant. Le pied s'enfonce. Une brèche s'ouvre. Le sens se tortile, à mon ainsu mu. Il se ramifie,  s'affrontte avec lui même et donne naissance à "des fragments, des  morceaux de mots" qui se rassemblent  et se "convertissent en nuées dans un ciel oublié."  Des fissures  s'eparpillent devant moi. Elles dessinent des routes . J'ai perdu mes certitudes. J'ai conscience de  "tout perdre, abandonner un rêve et en trouver un autre, le rêve ou réside le vertige le plus délié du hazard"

 

Sur un chemin où bas et haut sont inversés, sans appuis, sans savoir, je lève les bras, "mais aucun geste n'est suffisant même s'il s'immobilise come un défi. Ne reste qu'une seul solution possible, ouvrir les mains comme si elles étaient des feuilles." 

 

Je les ouvre et avance dans le vide, c'est possible. "Mais, bien que aimant le possible, nous finirons par l'enfermer pour qu'il n'enpèche pas cet impossible sans lequel nous ne pouvons vivre ensemble." 

 

Les mots s'impregnent de sons, se frottent aux cordes vocales, s'enrichissent de nouvelles textures, l'acordéon les accueillent en grande pompe. L'harmonica  aspire à les charmer. Le djembe les met en danse. Les mots ne s'arretent pas là, ils se hissent et poursuivent leur expiration vers le haut.  

 

Je vois tout en bas "un amour au delà de l'amour, plus haut que le rite du lien."  

J'entends Roberto Juarroz dire : 

"Ce qui est imposible à garder est la seule chose qui compte."

 C'est le dernier vers du dernier poème. 

 

Je sors de scène, la tête vide et le coeur léger.

 

Les passages en italiques sont de Roberto Juarroz

Censure et fissures ( Atelier parents )

Dans notre culture, la place de l’individu dans la société passe par l’affirmation de sa différence. Juger, douter, comparer pour se démarquer, donne l’illusion d’avoir bien sa place, renforce l’ego.

 

Le fonctionnement est insatisfaisant. Les choix faits pour se créer de belle images de soi déçoivent. Un sentiment de solitude et de désarroi nait de la contradiction entre, ressembler à ses pairs et affimer sa différence.

 

Le groupe, somme de différences identiques renvoyées par le miroir que chacun offre à l'autre, apporte réconfort et illusion de réconcilation entre ressemblances et différences.

 

Le deni tente d'enfouir les antagonismes sans arriver à les réduir aux silences.  

 

Pour nous éviter d’être étouffés par le brouillard de l’incohérence, des barrières rigides sont érigées afin de bloquer son envahissement et la maintenir à distance. Le contrôle de soi et des autres, en particulier des enfants perçus comme une menace pour notre équilibre précaire, est renforcé.

 

Dans l’intention de sortir de l’impasse, de nouvelles méthodes, règles, et outils pédagogiques sont sollicités. Malheureusement, le soulagement espéré n’est pas au rendez-vous, au contraire ce surajout d’informations engendre plus de frustration et entretient la survie du système.

 

Pris à notre propre piège, nous serons toujours « celui qui attendait qu’on lui ouvrît la porte au pied d’un mur sans porte. » (1)

 

« Comment s’en sortir sans sortir ? » (2)

 

Se sortir de ce cul-de-sac de nœuds requiert d’aller vers soi avec courage pour mettre à nu et au jour les mécaniques intérieures à l’œuvre dans l’ombre. Ce regard porté en nous ouvre une brèche par laquelle la lumière s’infiltre, grippe les rouages du paraitre, libère les potentiels de l'impossibles et invite au pas sage.

 

En pensant à vos enfants, que choisissez-vous ? Une vie sûre sans fissure ou le risque de l’aventure dans l’ouverture ?

 

(1)  Fernando Pessoa, Bureau de Tabac, traduit par Remy Horcade, Editions Une.

(2) À quoi bon des poètes en un temps de manque ? questionnait Hôlderlin , comment sortir sans sortir répond Ghérasim Lucas devant la caméra, un  double DVD  aux éditions José Corti.

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